Ce matin, les ministres des 27 se réunissaient à Mons pour parler cohésion sociale et développement durable. Un conseil qui aura été quelque peu perturbé puisque les agriculteurs de la région s'étaient donné rendez-vous pour confronter directement ceux qu'ils jugent responsables de leur situation actuelle.
C'est ici, sur le parking des Grands-Prés, à quelques dizaines de mètres à peine de la réunion des ministres que les agriculteurs se sont rassemblés ! Comme Daniel, ils sont une cinquantaine à avoir fait le déplacement et à se poser de nombreuses questions...
Il est grand temps de savoir où est notre place dans la société et vis-à-vis des investissements qu'ils font au niveau de la cohésion sociale, de savoir ce qu'ils font comme investissements dans l'agriculture. Si l'on va se diriger vers une subsidiation de viande à partir de cellules souches. Est-ce que ce sera réservé à une oligarchie européenne qui va reprendre des terres au niveau industriel, voilà ce qu'on veut savoir ! Fulmine David Depotter, le président de la section locale de Mons Fédération wallonne des agriculteurs.
Autant de questions toujours sans réponse et qui inquiètent fortement ces agriculteurs. Parmi eux, Antoine, un jeune agriculteur de 20 ans qui vient tout juste de reprendre l'activité familiale.
Ça a toujours été une fierté de suivre ce travail, ce métier. Je suis dans ce monde depuis que je suis à quatre pattes. J'aurais bien voulu continuer ce que mon grand-père a créé, nos racines. Et, ça me fait peur de devoir arrêter parce qu'on n'y arrive pas, parce qu'on n'est pas assez aidés, parce qu'on nous met de plus en plus de contraintes. On a quand même du mal à y arriver par moment. Témoigne Antoine Meert, jeune agriculteur.
Et si le monde agricole vit des temps si compliqués, c'est en grande partie à cause de la politique en vigueur quant aux marges et aux restrictions climatiques européennes. Et même si des décisions ont été prises, ils sont nombreux à être venus de loin pour clamer haut et fort que ces décisions ne sont pas suffisantes.
Ce n'est pas parce que certains consommateurs nous disent "on est prêt à payer plus", que la distribution de la marge n'est pas différente de ce qu'elle est aujourd'hui : ce que le consommateur paierait plus ne viendrait pas directement dans notre poche ! Il y a aussi tout ce qui concerne la législation environnementale : on entend pas mal de mauvaises impressions sur le monde agricole ! Il faut qu'on reconnaisse le travail qu'on fait actuellement, qui est un travail qui respecte la nature... On vit dedans et toutes ces choses-là font qu'aujourd'hui ça déborde et c'est pour ça qu'on est encore là aujourd'hui. C'est pour faire entendre nos revendications et dire que tout ce que l'on peut dire sur le monde agricole n'est pas nécessairement juste. Complète David Jonckheere, agriculteur dans la commune d'Erquelinnes.
Les agriculteurs en sont conscients : il faudra du temps avant de pouvoir analyser l'effet de ces décisions. Néanmoins, cet après-midi, ils auront tout de même pu faire entendre leurs requêtes au ministre-président wallon, et espèrent ainsi faire accélérer les choses.