Mise à l'emploi et déficience visuelle : un long chemin à parcourir

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Réussir à s'intégrer dans le marché de l'emploi, cela peut s'avérer important pour les personnes atteintes de déficience visuelle. Pourtant cela est loin d'être une sinécure et de nombreux freins peuvent se présenter.

Journée sensibilisation pour Gwendoline et ses collègues aides familiales, présentes au centre des Amis des Aveugles de Ghlin. Elles apprennent à guider ou comment se comporter en présence de personnes atteintes de déficience visuelle. "Au domicile des personnes, on peut être confrontées à des malvoyants ou non-voyants. Cela nous aide à pouvoir mieux les accompagner chez elles". 
 
Particularité de cette formation : elle est donnée par Jean-Michel Bertinchamps, qui est aveugle et qui s'épanouit pleinement dans son job de chargé de projets inclusifs. "Je travaille depuis septembre 2023 au sein des Amis des Aveugles et Malvoyants, glisse-t-il. Mais cela a par moments été un long chemin de croix pour trouver un emploi. Car des employeurs demandent si je suis capable d'effectuer certains tâches. Je leur réponds positivement mais que je dois juste m'y habituer. Cependant ils ont besoin de quelqu'un de directement opérationnel". Malgré les aides disponibles via l'AVIQ, Jean-Michel explique que peu d'employeurs sont ouverts à l'engagement de personnes en situation de handicap visuel. "Il y a une méconnaissance de l'handicap visuel qui est encore trop importante. On se retrouve parfois confronté à des entreprises qui refusent, même si heureusement d'autres ouvrent leurs portes. Il faut reconnaître la personne en situation de handicap visuel comme un professionnel et non pas comme une personne avec un handicap". 
 
En plus de sa casquette de chargé de projets inclusifs, Jean-Michel réalise de la prospection d'entreprises avec le service jobcoaching des Amis des Aveugles. Celui-ci aide justement les personnes déficientes visuelles à se diriger vers l'emploi, avec un accompagnement individuel. "Ce service s'adresse à tous types de profils, précise Hadrien Dutrieux, jobcoach aux Amis des Aveugles. Il y en a certains qui n'ont jamais travaillé, d'autres qui sortent des études ou de formation ou bien des personnes qui veulent se réorienter suite à leur déficience visuelle, puisqu'elles ne savent plus exercer leur métier. On fait de la recherche à l'emploi, on créé des outils et on participe aux sensibilisations chez les employeurs. Pour tenter de casser un peu les clichés". 
 
Hadrien a débuté ses suivis l'an dernier et a déjà pu constater que sa mission est loin d'être évidente. "En 2024 on a suivi 17 personnes. On a eu une mise à l'emploi et une mise en stage. On comprend que c'est encore compliqué pour nous et qu'il reste beaucoup de travail. Cela prend du temps aussi car ceux qui deviennent malvoyants doivent seulement se réapproprier les outils informatiques. Il y a de nombreux apprentissages qui ralentissent la mise à l'emploi". 
 
Des freins conjugués aux difficultés de déplacement pour les non et malvoyants ou au manque d'accès à des études supérieures ou formations adaptées à la déficience visuelle. 


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