Il y’a un an , un site internet était lancé par 2 Facultés de l’UMONS: le site HOME STRESS HOME. Objectif : mesurer l’anxiété liée à la crise sanitaire. Un an plus tard, pas mal de données sont disponibles et les chiffres sont assez inquiétants. Laurence Ris est Professeur de Neurophysiologie, cheffe du service de Neurosciences, vice-doyenne de la Faculté de Médecine et Pharmacie de l’UMONS, et elle nous détaille les premiers résultats
Depuis un an, de nombreuses données ont pu être récoltées quant à l’anxiété, la dépression et le stress des jeunes de 3 à 25 ans. Au total, 278 jeunes enfants, 163 enfants, 442 adolescents et 1053 jeunes adultes ont répondu aux évaluations de Home Stress Home.
Les principaux résultats montrent qu’entre mai et fin août, 31.5% des adolescents ayant rempli les questionnaires montraient des symptômes d’anxiété tandis que 37.8% montraient des symptômes de dépression.
Chez les jeunes adultes, ils étaient 38.5% à montrer un stress important, 40.38% à avoir des symptômes d’anxiété et 38.7% présentaient des symptômes de dépression. La situation semblait avoir moins d’impact sur les enfants puisque seulement 12.4% montraient des symptômes d’anxiété et 16.5% des symptômes de dépression.Bien que l’utilisation du site amène un biais de sélection (les personnes qui s’évaluent sont probablement celles qui s’inquiètent le plus pour leur santé psychologique), ces chiffres amènent à un constat assez inquiétant.
D’autant plus, qu’est observée une augmentation nette au fil du temps du nombre de personnes présentant des symptômes d’anxiété et de dépression dans les groupes adolescents et jeunes adultes. En effet, entre septembre et fin décembre, pour les adolescents 47.8% avaient des symptômes d’anxiété et 56.5% de dépression. Et chez les jeunes adultes 47.8% étaient stressés, 52.5% avaient des symptômes anxieux, 59.1% présentaient des symptômes dépressifs, faisant passer le nombre de personnes en souffrance psychologique de 2 à 3 sur 5.
« Nos données, analysées mois par mois, nous permettent également de constater que l’augmentation des symptômes dépressifs et anxieux est importante pour les enfants les mois correspondants à des confinements, mais ils redescendent aussi très rapidement lors des déconfinements. A contrario, chez les adolescents et les jeunes adultes nous pouvons voir des augmentations significatives au cours des mois correspondants aux confinements, mais ces niveaux ne redescendent pas ou peu par la suite (janvier-avril). Ainsi, comme nous le disions précédemment, les symptômes anxieux et dépressifs des jeunes adultes se pérennisent depuis le début de la crise covid-19, là où pour les enfants, nous constatons plutôt des augmentations en réponse aux mesures les plus fortes. Ceci pourrait être mis en relation avec le fait que les mesures concernant les adolescents et les jeunes adultes n’ont pas connues de relâchement depuis le mois d’octobre 2020 (école en semi-présentiel ou en code rouge, interdiction des activités extrascolaires) », analyse l’équipe de recherche.
Plus inquiétant encore : les symptômes dépressifs commencent à prendre une place de plus en plus importante dans les résultats chez les jeunes adultes, mais surtout, chez les adolescents.
Entre les vagues 2 et 3 (janvier-avril 2021), les symptômes anxieux ont diminué pour les adolescents (43.7% au lieu de 47,8%), alors que les symptômes dépressifs ont, eux, continué d’augmenter (58.9 au lieu de 56.5%).
« Ainsi, au fil du temps, nous voyons un glissement des sentiments exacerbés de peur vers de la tristesse importante », conclut l’équipe.