Séisme à la Collégiale Sainte-Waudru à Mons. Plusieurs oeuvres ont fait l'objet d'une rénovation inadaptée et par une personne non qualifiée. Alertée par une ASBL de protection du patrimoine, l'AWAP, Agence Wallonne du Patrimoine, est venue constater l'ampleur des dégâts.
Pourtant à la base, il n'y avait qu'une bonne intention.
Depuis plusieurs mois, les 2 ouvriers d'entretien de la Collégiale n'ont plus vraiment beaucoup de boulot. Histoire de ne pas rester à rien faire, un des membres de la fabrique d'église a proposé qu'un de ces ouvriers rafraîchisse quelques oeuvres... C 'est à ce moment que la catastrophe a débuté. Exemple avec cette sculpture sur pierre bleue, dont la patine a été poncée au papier de verre. Didier Dehon, Historien de l'art et archéologue à l'AWAP nous explique les conséquences de ce « nettoyage » .
« Un premier impact sur l'oeuvre, c'est la perte de matière puisque le papier de verre, c'est abrasif ! On devra voir avec l'IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique) qui est vraiment spécialisée dans la restauration d'oeuvre d'art. Ils pourront nous dire ce qu'on peut faire pour revenir à un état premier »
Après inspection, l'AWAP constate des éléments griffés par un nettoyage musclé avec du matériel inadapté, la remise en couleur de boiseries et autres statues de plusieurs chapelles avec des peintures chimiques qu'on trouve dans les magasins de bricolage.
« Ce sont des produits qui ne sont pas adaptés car ils contiennent des composants chimiques et donc des choses qu'on ne maîtrise pas, qui peuvent avoir un effet désastreux sur la matière, qui peuvent la corroder et qui vont à l'encontre d'un grand principe en restauration : Il faut toujours que cela soit réversible... C'est pourquoi on utilise toujours les produits les plus naturels possibles où il n'y a pas de réaction incontrôlée. » Didier Dehon - Historien de l'art et archéologue à l'AWAP.
Et pourtant, chaque rénovation de biens mobiliers ou immobiliers de la collégiale doit faire l'objet d'une demande à l'AWAP et elle n'a pas été faite par la fabrique d'église.
« Un certains nombre de ces travaux ne me semblaient pas poser de problème. Comme cette loge ou se trouve une statue, on a rafraîchit la couleur du fond, ça ne me semble pas grave mais c'est vrai qu'en principe il faut demander une autorisation à l'AWAP » Pierre Dufour – Président de la fabrique d'église Sainte-Waudru
Quant à l'ouvrier qui a fait les rénovations hasardeuses, il ne peut être tenu pour responsable de la catastrophe patrimoniale.
« Je l'ai vu ce matin, il est assez perturbé par cette histoire, il n'en a pas dormi cette nuit ! Il a mis tout son coeur pour faire les choses mais c'est vrai qu'il n'avait pas les qualifications.... Il a juste fait ce qu'on lui a demandé » Pierre Dufour – Président de la fabrique d'église Sainte-Waudru
A l'AWAP, on ne conteste pas la bonne intention qui se cachait derrière ses petits coups de fraîcheurs ... Reste que la rénovation est dans les faits une dégradation des oeuvres pour laquelle la fabrique d'église pourrait être poursuivie...
Si la gestion de la Collégiale est du ressort de la fabrique d'église, le bâtiment appartient à la Ville de Mons. Le Bourgmestre Nicolas Martin entend bien avoir quelques explications sur comment ce désastre a pu se produire.