Les chiffres du harcèlement ont explosé pendant le confinement. Et c'est notamment le cas dans les écoles ! Pour expliquer cette situation et tenter de trouver des solutions, Bruno Humbeeck, psychopédagogue de l'UMONS était notre invité ce jeudi.
Ce week-end, au coeur du Borinage, un nouveau cas de harcèlement a failli tourner au drame. Une jeune fille victime de harcèlement à l'école à fugué pour tenter de mettre fin à ses jours. Heureusement, elle a pu être retrouvée à temps. Ces cas, malheureusement, ne sont pas rares. Et le confinement n'a rien arrangé.
"Le vécu du harcèlement est encore plus intense !" explique Bruno Humbeeck. "Il y'a un fond de détresse émotionnelle que l'on connait chez beaucoup d'ados, auquel j'ajoute un fond d'agressivité qu'ils ne peuvent plus diluer dans leurs espaces traditionnels comme le sport ou les événements. C'est donc très difficile à vivre pour le moment. Les supports numériques ont été généralisés comme des supports pédagogiques et donc ils sont évidemment utilisés pour le meilleur mais aussi pour le pire, car le cyber-harcèlement est une forme de harcèlement particulièrement virulente. C'est un peu comme si on mettait une caisse de résonance sur une situation de harcèlement."
Une appli pour lutter contre le harcèlement
Pour lutter contre ce fléau, des systèmes commencent à se mettre en place. C'est le cas de l'application "Cyber Help". Un projet pilote développé notamment à l'Athénée Royal de Mons en collaboration avec l'Umons ou la Ville de Mons. L'élève victime de harcèlement peut ainsi via une simple capture d'écran alerter un référent numérique au sein de son établissement.
"Cette application doit se généraliser. C'est la seule réponse possible !" poursuit Bruno Humbeeck. "Il faut une réponse très ferme, gérer et maîtriser ces situations. Et ce qu'il faut absolument, c'est que toutes les écoles aient ce même sentiment de maîtrise".
En plus du harcèlement, le confinement et les cours à distance ont entraîné d'autres problématiques: décrochage scolaire, dépression, phobie scolaire. Des phénomènes inquiétants.
"Il faut vraiment tirer la sonnette d'alarme ! Cette détresse existe car un adolescent est une personne nourrie d'actions et d'interactions. Il faut qu'il se passe des choses dans leur vie et pour le moment il se passe trop peu de choses. Il n'y a pas de perspectives et une forme d'engourdissement affectif se crée de la sorte".
"C'est normal de ne pas aller très bien pour le moment !"
Alors quelles solutions face à cette situation de détresse ? Voici le conseil du psychopédagogue pour les parents d'enfants en difficulté face à cette situation.
"Il doivent se préoccuper plutôt que de s'occuper ! Essayer d'occuper l'adolescent ? Il n'en a pas besoin ! S'en préoccuper c'est lui demander ce qu'il ressent. Lui permettre de ne pas avoir ce sentiment subjectif de décramponnage et faire avec lui des évaluations ou solliciter l'école pour le faire. Il a besoin de savoir ou il en est. Il faut se dire que c'est normal de ne pas aller très bien pour le moment et il faut autoriser l'adolescent à dire qu'il ne va pas très bien."